— Je me suis ému en vous écoutant, bon vieillard, ému jusqu’aux larmes. Oh ! dites-moi comment s’appelait votre capitaine, afin que je l’honore, moi aussi, et que j’envie sa destinée.
— On l’appelait le brave Walter ; son bien est là-bas, près du Rhin.
— C’était mon aïeul, et ce bien est à moi. Venez, mon ami, vous vivrez désormais dans ma maison ! Oubliez votre indigence ! venez boire avec moi le vin de Walter, et manger le pain de Walter avec moi.
— Bien, monsieur, vous êtes son digne héritier ! J’irai demain chez vous, et, en reconnaissance, vous aurez cette pipe après ma mort. »
CHANT DE L’ÉPÉE
Par Kœrner.
« Épée suspendue à ma gauche, pourquoi donc brilles-tu si belle ? Oh ! ta joie excite la mienne… Hourra !
— J’accompagne un brave guerrier, je défends un homme libre, et c’est ce qui fait ma joie… Hourra !
— Ma belle épée, je suis libre, et je t’aime… oh ! je l’aime comme une épouse… Hourra !
— À toi, ma brillante vie d’acier ; ah ! ah ! quand saisiras-tu ton épouse ?… Hourra !
— Déjà la trompette joyeuse annonce le matin vermeil… Lorsque tonnera le canon, je saisirai ma bien-aimée… Hourra !
— Oh ! douce étreinte, avec quel désir je t’implore ! oh ! prends-moi, cher époux, ma petite couronne t’appartient… Hourra !
— Comme tu t’agites dans ton fourreau, épée ! ta joie de sang est bien bruyante !… Hourra !
— Je m’agite impatiente du fourreau, parce que j’aime la bataille… Hourra !