Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’ÉCOLIER.

Vous n’aurez pas besoin de me le dire deux fois ; je suis bien pénétré de toute l’utilité de cette méthode : car, quand on a mis du noir sur du blanc, on rentre chez soi tout à fait soulagé…

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Pourtant, choisissez une faculté.

L’ÉCOLIER.

Je ne puis m’accommoder de l’étude du droit.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je ne vous en ferai pas un crime : je sais trop ce que c’est que cette science. Les lois et les droits se succèdent comme une éternelle maladie ; ils se traînent de générations en générations, et s’avancent sourdement d’un lieu dans un autre. Raison devient folie, bienfait devient tourment : malheur à toi, fils de tes pères, malheur à toi ! car du droit né avec nous, hélas ! il n’en est jamais question.

L’ÉCOLIER.

Vous augmentez encore par là mon dégoût : ô heureux celui que vous instruisez ! J’ai presque envie d’étudier la théologie.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je désirerais ne pas vous induire en erreur, quant à ce qui concerne cette science ; il est si difficile d’éviter la fausse route ; elle renferme un poison si bien caché, que l’on a tant de peine à distinguer du remède ! Le mieux est, dans ces leçons-là, si toutefois vous en suivez, de jurer toujours sur la parole du maître. Au total… arrêtez-vous aux mots ! et vous arriverez alors par la route la plus sûre au temple de la certitude.

L’ÉCOLIER.

Cependant un mot doit toujours contenir une idée.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Fort bien ! mais il ne faut pas trop s’en inquiéter, car,