où les idées manquent, un mot peut être substitué à propos ; on peut avec des mots discuter fort convenablement, avec des mots, bâtir un système ; les mots se font croire aisément, on n’en ôterait pas un iota.
Pardonnez si je vous fais tant de demandes, mais il faut encore que je vous en importune… Ne me parlerez-vous pas un moment de la médecine ? Trois années, c’est bien peu de temps, et, mon Dieu ! le champ est si vaste ; souvent un seul signe du doigt suffit pour nous mener loin !
Ce ton sec me fatigue, je vais reprendre mon rôle de diable. (Haut.) L’esprit de la médecine est facile à saisir ; vous étudiez bien le grand et le petit monde, pour les laisser aller enfin à la grâce de Dieu. C’est en vain que vous vous élanceriez après la science, chacun n’apprend que ce qu’il peut apprendre ; mais celui qui sait profiter du moment, c’est là l’homme avisé. Vous êtes encore assez bien bâti, la hardiesse n’est pas ce qui vous manque, et si vous avez de la confiance en vous-même, vous en inspirerez à l’esprit des autres. Surtout, apprenez à conduire les femmes ; c’est leur éternel hélas ! modulé sur tant de tons différents, qu’il faut traiter toujours par la même méthode, et, tant que vous serez avec elles à moitié respectueux, vous les aurez toutes sous la main. Un titre pompeux doit d’abord les convaincre que votre art surpasse de beaucoup tous les autres : alors, vous pourrez parfaitement vous permettre certaines choses, dont plusieurs années donneraient à peine le droit à un autre que vous ; ayez soin de leur tâter souvent le pouls, et, en accompagnant votre geste d’un coup d’œil ardent, passez le bras autour de leur taille élancée, comme pour voir si leur corset est bien lacé.
Cela se comprend de reste : on sait son monde !