Petit moine, sans froc et sans capuchon, ne viens pas me catéchiser : tu pourras bien me rendre capot, mais non pas modeste, non !
Tes phrases vides me font fuir : j’ai déjà usé cela sous mes semelles.
Quand le moulin du poëte chemine, ne l’arrête pas : qui vient une fois à nous comprendre nous pardonnera aussi.
La poussière est un des éléments dont tu disposes, avec une habileté rare, Hafiz, quand tu modules ton chant gracieux en l’honneur de ta bien-aimée.
Car la poussière, sur le seuil de sa porte, est préférable au tapis brodé de fleurs d’or, sur lesquelles s’agenouillent les favoris de Mahmoud[1].
Si le vent qui passe en tourbillon enlève de sa porte un nuage de poussière, le parfum t’en est plus agréable que le musc et l’essence de rose.
La poussière ! j’en fus privé longtemps dans le nord, sans cesse enveloppé de brumes : mais, dans le midi brûlant, je l’ai trouvée en abondance.
Toutefois il y a longtemps que les portes chéries restent pour moi muettes sur leurs gonds. Pluie orageuse, viens à mon aide, fais-moi sentir le parfum de la terre rafraîchie !
Si maintenant tous les tonnerres grondent et si tout le ciel est en feu, la poussière, que l’orage emporte, retombe humectée sur la terre.
Et soudain surgit la vie, il se développe une mystérieuse et sainte activité ; tout est rafraîchi, tout verdoie, dans les terrestres régions.
Une ombre noire est, sur la poussière, la compagne de mon amante. Je me suis fait poussière, mais l’ombre a passé par-dessus moi.
Pourquoi n’userais-je pas d’une image comme il me plaît,
- ↑ Hafiz a composé un poëme en l’honneur de Ebou Ishak Mahmoud.