Le poëte. Parle, Mohamed-Schems-Eddin, d’où vient que ton peuple illustre t’a nommé Hafiz ?
Hafiz. Je rends hommage et je fais réponse à ta question : c’est que l’héritage sacré du Coran se conserve inaltéré dans mon heureuse mémoire ; et telle est, à cet égard, ma pieuse conduite, que les maux ordinaires de la vie n’atteignent ni moi ni ceux qui estiment comme il convient la parole et la semence du prophète : voilà pourquoi l’on m’a donné ce nom.
Le poëte. Eh bien, Hafiz, à ce qu’il me semble, je pourrais te le disputer, car, si nous pensons comme les autres, nous leur ressemblerons : et je te ressemble parfaitement, moi qui ai gravé dans mon esprit l’image admirable de nos saints livres, comme sur le linge bénit[1] s’imprima l’image du Seigneur ; moi qui, en dépit de la négation, de la contrariété et de la spoliation, puisai un soulagement secret dans l’image sereine de la foi.
Savez-vous ceux que les démons épient dans le désert, entre les rochers et les murailles, guettant le moment de les saisir pour les entraîner aux enfers ? C’est le menteur et le méchant.
- ↑ Avec lequel sainte Véronique essuya le visage du Sauveur montant au Calvaire.