Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/102

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Une vallée au pied de l’Olympe.
PROMÉTHÉE.

Ô Jupiter, abaisse ton regard sur ma création : elle vit ! Je l’ai formée à mon image ; je voulais une race semblable à moi pour souffrir, pour pleurer, pour sentir et jouir et te dédaigner, comme je fais. (On voit la race des hommes répandue dans toute la vallée ; ils ont grimpé aux arbres pour cueillir des fruits ; ils se baignent dans les eaux ; ils courent à l’envi dans les prairies ; les jeunes filles cueillent des fleurs et tressent des couronnes.)

UN HOMME., Il s’approche de Prométhée, en apportant de jeunes arbres coupés.

)

Voici les arbres, comme tu les as demandés.

PROMÉTHÉE.

Comment les as-tu séparés du sol ?

L’HOMME.

Avec cette pierre tranchante, je les ai détachés juste à la racine.

PROMÉTHÉE.

Enlève d’abord les branches… Ensuite enfonce celui-ci dans la terre en l’inclinant, et celui-là vis-à-vis, et attache-les par le haut… Puis, deux encore ici, en arrière, et un autre en travers par-dessus. Maintenant les rameaux, du haut en bas, jusqu’à terre, liés et entrelacés, et du gazon alentour, et d’autres rameaux encore par-dessus, jusqu’à ce que ni rayon de soleil, ni pluie, ni vent ne pénètrent. Voilà, mon cher fils, un abri et une cabane !

L’HOMME.

Merci, bon père, merci mille fois ! Dis-moi, tous mes frères auront-ils le droit d’habiter dans ma cabane ?

PROMÉTHÉE.

Non, tu l’as bâtie pour toi : elle est tienne. Tu peux la partager avec qui tu voudras. Qui veut en avoir une se la bâtisse lui-même. (Prométhée s’en va.)