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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/111

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B.ETELY.

Père, bonjour !

LE PÈRE.

J’aurais volontiers dormi plus longtemps, et tu me réveilles avec une gaie chansonnette, si bien que je ne puis gronder. Tu es sotte et gentille en même temps.

Bjetely.

N’est-ce pas, mon père, comme toujours ?

LE PÈRE.

Tu aurais dû me laisser reposer. Ne sais-tu donc pas quand je me suis couché cette nuit ?

BjETELY.

Vous aviez bonne compagnie.

LE PÈRE.

Ce n’était pas non plus aimable de t’échapper de si bonne heure, comme si le beau clair de lune te fatiguait les yeux. Le pauvre Jéry était là pourtant à cause de toi ; il est resté avec moi jusqu’à minuit, assis sur le banc : il m’a fait bien de la peine.

BjETELY.

Vous vous apitoyez d’abord, quand il se plaint et se lamente et répète toujours la même chose, puis reste tranquille un quart d’heure, fait comme s’il voulait déguerpir, et, à la fin, demeure et recommence de plus belle. Cela me fait un tout autre effet à moi : cela m’ennuie.

LE PÈRE.

Je voudrais bien pourtant moi-même te voir décidée à quelque chose.

B/ETELY. .

Serez-vous si content d’être délivré de moi ?

LE PÈRE.

Non pas cela : je te suivrais ; nous en serions mieux et plus commodément l’un et l’autre.

Bjetely. .

Qui sait ? Un mari n’est pas toujours commode.

LE PÈRE.

Mieux est mieux. Nous affermerions ce petit bien ici haut, et nous nous établirions là-bas.



B.ETELY.

Nous sommes pourtant accoutumés comme cela. Notre maison arrête le vent, la neige et la pluie ; notre alpe nous donne ce qu’il nous faut ; nous avons à manger et à boire toute l’année ; nous vendons encore assez pour nous mettre sur le corps un joli vêtement ; nous sommes ici tout seuls et n’avons à ménager personne. Et que vous servirait là-bas dans le bourg une plus grande maison, la chambre mieux lambrissée,.plus de bé