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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/119

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THOMAS.

Aucun ? Elle est folle. Elle devrait remercier Dieu, et te prendre des deux mains. Qu’est-ce donc que cette mauvaise tête ?

JÉRY.

Voilà un an que je la courtise. Elle demeure dans cette maison avec son père. Ils vivent de ce petit bien ici près. Elle a déjà envoyé bien loin tous les jeunes garçons ; tout le voisinage est fâché contre elle. A l’un elle a donné fièrement une corbeille ’ ; elle a tourné la tête au fils d’un autre. Le plus grand nombre se sont vite consolés et ont pris femme : moi seul je ne puis gagner cela sur moi, quelques jolies filles que l’on m’ait proposées.

THOMAS.

Il ne faut pas la prier longtemps. Que veut faire cette jeune fille toute seule dans les montagnes ? Si son père vient à mourir, que deviendra-t-elle ? Il faudra qu’elle se jette au cou du premier venu.

JÉRY.

« Ce n’est pas autrement.

THOMAS.

Tu ne sais pas t’y prendre. Il ne faut que lui parler droit, et cela un peu vertement. Est-elle au logis ?

JÉRY.

Oui.

THOMAS.

Je veux être courtier de mariage. Que gagnerai-je, si je te la fais épouser ?

JÉRY.

Il n’y a rien à faire. Que gagnerai-je ? Ce que tu voudras.

THOMAS.

Dix doublons : il me faut un bon salaire.

JÉRY.

De tout mon cœur.

1. Expression piqverbiale pour marquer le refus d’un épouseur.


THOMAS.

JERY.