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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/144

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de l’ambition et de la ruse des princes… George !… Envoyez donc de tous côtés votre docile Weislingen, chez vos cousins et vos compères ; faites-moi peindre bien noir ! Allez toujours ! Je suis éveillé. Évêque, tu m’as échappé ! Ton cher Weislingen payera pour toi… George ! Ce garçon n’entend-il pas ?… George ! George !

GEORGE, affublé de la cuirasse d’un homme fait.

Monseigneur !

GŒTZ.

Où restes-tu donc ? As-tu dormi ? Quelle diable de mascarade est-ce là ? Viens ici ! Tu as très-bon air. Ne rougis pas, mon enfant. Te voilà brave !… Oui, si tu la remplissais ! C’est la cuirasse de Jean ?

GEORGE.

Il voulait dormir un peu et l’a dégrafée.

GŒTZ.

Il est plus délicat que son maître.

GEORGE.

Ne vous fâchez pas ! Je l’ai dérobée sans bruit et l’ai endossée, et j’ai décroché de la muraille la vieille épée de mon père ; j’ai couru dans la prairie et j’ai dégainé.

GŒTZ.

Et tu as frappé autour de toi ! Tu auras mis dans un bel état les buissons et les ronces ! Jean dort-il ?

GEORGE.

Il s’est éveillé en sursaut à votre voix, et m’a crié que vous appeliez. Je voulais déboucler la cuirasse, quand je vous ai entendu deux fois, trois fois…

GŒTZ.

Va, rends-lui son armure ; dis-lui de se tenir prêt et de voir aussi les chevaux.

GEORGE.

Je les ai bien pansés et rebridés. Vous pouvez monter à cheval quand vous voudrez.

GŒTZ.

Apporte-moi une cruche de vin ; donnes-en aussi un verre à Jean. Dis-lui d’être alerte : c’est l’heure ; j’attends à chaque moment le retour de mes éclaireurs.