Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/15

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d’un ton demi-moqueur : « Vous avez eu beaucoup de plaisir ! — Beaucoup. — C’est fort bien. Vous avez joué ? — Au gage touché. — Bon ! Damétas en était ?… Et vous avez dansé ? — Autour de l’arbre. — J’aurais voulu vous voir. Il a sans doute fort bien dansé ?… Que lui as-tu donné en récompense ?

AMINE, souriant.

Oui !

ÉGLÉ.

Tu ris !

AMINE.

Ma chère, c’est tout à fait son langage !… Encore des fleurs !

LAMON.

En voici. Ce sont les plus belles.

AMINE.

Cependant je suis heureuse de le voir envier mes regards à tout le monde. Je vois, à cette jalousie, combien mon amant m’estime, et mon petit orgueil est dédommagé de tous mes tourments.

ÉGLÉ.

Mon enfant, je te plains ; on ne peut plus te sauver, puisque tu aimes ta souffrance ; tu fais du bruit avec tes chaînes, et te persuades que c’est de la musique.

AMINE.

Il me manque un ruban pour le nœud.

ÉGLÉ, à Lamon.

Tu m’en as dérobé un qui m’était venu de la couronne de mai[1], a la fête du printemps.

LAMON.

Je vais le chercher.

ÉGLÉ.

Mais tu reviendras bientôt !

  1. Allusion à un usage champêtre, qui consiste à suspendre une vaste couronne, ornée de rubans, dans la salle de bal ou près de la pelouse où l’on danse. Ces rubans sont ensuite distribués aux jeunes filles.