Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/154

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CHARLES.

C’est donc nécessaire que mon père sorte à cheval, puisque c’est si dangereux ?

MARIE.

C’est comme cela son bon plaisir.

ÉLISABETH.

Oui, c’est nécessaire, mon cher enfant.

CHARLES.

Pourquoi ?

ÉLISABETH.

Te souviens-tu encore comme il sortit la dernière fois, lorsqu’il t’apporta un petit pain blanc ?

CHARLES.

M’en apportera-t-il encore ?

ÉLISABETH.

Je le pense. Vois-tu, il y avait un tailleur de Stuttgart, qui était fort habile à tirer de l’arc, et qui avait gagné à Cologne le prix du tir.

CHARLES.

Était-ce beaucoup ?

ÉLISABETH.

Cent écus. Et ensuite ils ne voulurent pas le lui donner.

MARIE.

N’est-ce pas, Charles, que c’est vilain ?

CHARLES.

Vilaines gens !

ÉLISABETH.

Alors le tailleur vint trouver ton père, et le pria de l’aider à obtenir son argent. Et ton père sortit à cheval, et enleva à ceux de Cologne une couple de marchands, et les tourmenta jusqu’à ce qu’ils eussent donné l’argent. Ne serais-tu pas aussi sorti à cheval ?

CHARLES.

Non ! il faut passer par une sombre, sombre forêt : il y a des bohémiens et des sorcières.

ÉLISABETH.

Voilà un courageux garçon ! Il a peur des sorcières !

MARIE.

Tu feras mieux, Charles, de vivre un jour dans ton château