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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/155

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comme un pieux chevalier chrétien. On trouve dans ses propres domaines assez d’occasions de faire du bien. Les plus honnêtes chevaliers font dans leurs expéditions plus d’injustices qu’ils n’en réparent.

ÉLISABETH.

Ma sœur, tu ne sais ce que tu dis. Dieu veuille seulement que notre fils devienne brave avec le temps, et ne suive pas l’exemple de ce Weislingen, qui se conduit si déloyalement avec mon mari !

MARIE.

Ne jugeons pas, Élisabeth. Mon frère est très-irrité, toi aussi. Dans toute cette affaire, je suis plutôt spectateur, et je puis être plus équitable.

ÉLISABETH.

Il est sans excuse.

MARIE.

Ce qu’on m’a dit de lui m’a disposée en sa faveur. Ton mari lui-même n’en contait-il pas beaucoup de choses aimables et bonnes ? Comme leur jeunesse fut heureuse, lorsqu’ils étaient ensemble pages du margrave !

ÉLISABETH.

Cela peut être ; mais dis-moi ce que peut jamais avoir eu de bon l’homme qui tend des piéges à son meilleur et son plus fidèle ami ; qui vend ses services aux ennemis de mon mari, et cherche à prévenir par des rapports hostiles notre excellent empereur, qui nous est si favorable !

CHARLES.

Mon père ! mon père ! Le gardien de la tour sonne l’air : « Vivat, ouvrez la grande porte ! »

ÉLISABETH.

Il revient avec du butin. (Entre un cavalier.)

LE CAVALIER.

Nous avons fait bonne chasse ! Dieu vous garde, nobles dames !

ÉLISABETH.

Tenez-vous Weislingen ?

LE CAVALIER.

Lui et trois cavaliers.

ÉLISABETH.

Comment s’est-il fait que vous soyez restés si longtemps ?