Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/173

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m’assure par ce sacrifice. Béni soit ton frère et le jour où il sortit de son château pour me prendre !

MARIE.

Son cœur était plein d’espérance pour lui et pour toi. « Adieu ! nous dit-il au départ, je veux faire si bien que je le retrouverai. »

WEISLINGEN.

Il l’a retrouvé. Que je voudrais n’avoir pas tant négligé, par cette funeste vie de cour, l’administration et la sûreté de mes biens ! Tu pourrais être à moi dès ce jour.

MARIE.

L’attente a aussi ses plaisirs.

WEISLINGEN.

Ne dis pas cela, Marie, ou je craindrai que tu ne sentes moins vivement que moi. Mais je souffre ce que j’ai mérité, et quelles espérances me suivront à chaque pas ! Être à toi seule, ne vivre que pour toi et pour un cercle d’amis ; éloigné, séparé du monde, goûter toute la joie que deux cœurs se donnent l’un à l’autre ! Que sont et la faveur du prince et les applaudissements du monde, auprès de cette simple et unique félicité ? J’ai beaucoup espéré et souhaité, mais ceci surpasse tous mes vœux et toutes mes espérances. (Entre Gœtz.)

GŒTZ.

Votre écuyer est de retour. La fatigue et la faim l’ont mis, peu s’en faut, hors d’état de proférer quelques mots. Ma femme lui donne à manger. Autant que j’ai pu comprendre, l’évêque ne veut pas relâcher mon vassal : on nommera des commissaires impériaux, et un jour sera fixé où l’affaire sera réglée. Quoi qu’il en soit, Adelbert, vous êtes libre ; je ne demande rien de plus que votre main, comme promesse qu’à l’avenir vous n’assisterez mes ennemis ni ouvertement ni secrètement.

WEISLINGEN.

Ma main dans la vôtre !… Qu’il y ait désormais entre nous amitié et confiance inaltérables, comme une loi éternelle de la nature ! Permettez en même temps que je m’assure cette main (Il prend la main de Marie) et la possession de la plus noble femme.