Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/192

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l’empereur ! le complice d’un brigand ! Toi, Weislingen, avec ton cœur tendre !

WEISLINGEN.

Si vous le connaissiez…

ADÉLAÏDE.

Je voudrais lui rendre justice. Il a une âme grande, indomptable. Et justement pour cela, malheur à toi, Weislingen ! Va, et figure-toi que tu es son compagnon. Va, et laisse-toi gouverner. Tu es amical, obligeant…

WEISLINGEN.

Il l’est aussi.

ADÉLAÏDE.

Mais tu es flexible et il ne l’est pas. Insensiblement, il t’entraînera ; tu deviendras l’esclave d’un gentilhomme, quand tu pourrais commander à des princes… Mais c’est une barbarie de te faire prendre en dégoût ta condition future.

WEISLINGEN.

Si tu avais vu quel aimable accueil il m’a fait !

ADÉLAÏDE.

Aimable ! Tu lui en sais gré ? C’était son devoir. Et qu’aurais-tu perdu, s’il t’avait rebuté ? Cela aurait dû m’être plus agréable. Un homme orgueilleux comme lui !

WEISLINGEN.

Vous parlez de votre ennemi.

ADÉLAÏDE.

Je parlais pour votre liberté… et ne sais après tout quel intérêt j’y prends. Adieu.

WEISLINGEN.

Permettez encore un moment ! (Il prend la main d’Adélaïde et se tait.)

ADÉLAÏDE.

Avez-vous encore quelque chose à me dire ?

WEISLINGEN, après un moment de silence.

Je dois partir.

ADÉLAÏDE.

Allez.

WEISLINGEN.

Madame… je ne puis.