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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/232

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GŒTZ.

Plût à Dieu qu’il n’y eût pas dans toute l’Allemagne une seule tête turbulente ! Nous trouverions encore assez d’ouvrage. Nous purgerions les montagnes de loups ; tandis que notre voisin ferait tranquillement son labour, nous irions lui chercher un rôti dans la forêt, et, en échange, nous viendrions manger la soupe avec lui. Si cela ne nous suffisait pas, nous irions, comme des chérubins aux épées flamboyantes, camper avec nos frères aux frontières de l’Empire, pour faire tête aux loups, les Ottomans, aux renards, les Français, et protéger à la fois les domaines très-menacés de notre cher empereur et le repos de l’Empire. Ce serait là une vie, George ! Risquer sa peau pour la félicité générale ! (George se lève brusquement.) Où vas-tu ?

GEORGE.

Ah ! j’oubliais que nous sommes emprisonnés… Et c’est l’empereur qui nous emprisonne !… Et c’est pour sauver notre peau que nous la risquons !

GŒTZ.

Aie bon courage. (Entre Lerse.)

LERSE.

Liberté ! liberté ! Ce sont de pauvres sires, des ânes irrésolus et craintifs. Vous pouvez vous retirer avec armes, chevaux et bagages. Vous devrez laisser les provisions.

GŒTZ.

Elles ne leur feront pas mal aux dents.

LERSE, bas à Gœtz.

Avez-vous caché l’argenterie ?

GŒTZ.

Non !… Femme, va avec Franz : il a quelque chose à te dire. (Ils sortent tous.)

La cour du château.

GEORGE, dans l’écurie. Il chante.

Un enfant prit un oisillon.
Hem ! Hem !
Il riait, regardant la cage.
Hem ! Hem !
Bon ! Bon !
Hem ! Hem !