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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/241

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GŒTZ.

L’épée à la main ! Savez-vous qu’il ne tiendrait qu’à moi maintenant de me faire jour à travers tous ces poltrons et de gagner la rase campagne ? Mais je veux vous apprendre comme on tient parole. Promettez-moi prison de chevalier, et je jette mon épée ; et je suis, comme auparavant, votre prisonnier.

LE CONSEILLER.

Prétendez-vous, l’épée à la main, contester avec l’empereur ?

GŒTZ.

Le ciel m’en préserve ! Avec vous seulement et votre noble compagnie… Vous pouvez retourner chez vous, bonnes gens. Si vous tardez, vous n’y gagnerez rien, et n’attraperez ici que des bosses.

LE CONSEILLER.

Arrêtez-le ! Votre amour pour votre empereur ne vous donne-t-il pas plus de courage ?

GŒTZ.

Pas plus que l’empereur ne leur donnera d’emplâtres pour guérir les blessures que leur courage pourrait s’attirer. (Entre l’huissier.)

L’HUISSIER.

Le guet de la tour crie en ce moment qu’une troupe de plus de deux cents hommes marche sur la ville. Ils se sont avancés à l’improviste, derrière le coteau des vignes, et menacent nos murailles.

LE SÉNATEUR.

Malheur à nous ! Qu’est cela ? (Entre un garde.)

LE GARDE.

Franz de Sickingen se présente devant la barrière, et vous fait dire qu’il a appris comme on s’est montré indignement parjure envers son beau-frère, comme messieurs de Heilbronn ont fourni tous les secours. Il en demande compte ; sinon, dans une heure, il mettra le feu aux quatre coins de la ville, et la livrera au pillage.

GŒTZ.

Brave frère !

LE CONSEILLER.

Gœtz, retirez-vous ! (Gœtz sort.) Que faut-il faire ?