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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/245

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ADÉLAÏDE.

N’avaient-ils pas un empereur ?

WEISLINGEN.

Chère femme, ce n’en est plus que l’ombre. Il devient âgé et chagrin. Lorsqu’il apprit ce qui était arrivé, comme je m’échauffais avec les autres conseillers : « Laissez-les en repos, dit-il, je puis bien accorder au vieux Gœtz cette petite place, et, s’il y reste tranquille, qu’avez-vous à lui reprocher ? » Nous parlâmes du bien de l’État. « Ah ! dit-il, je voudrais avoir eu toujours des conseillers qui eussent tourné davantage l’activité de mon esprit vers le bonheur des individus ! »

ADÉLAÏDE.

Il perd le sens du souverain.

WEISLINGEN.

Nous nous déchaînâmes contre Sickingen… « C’est mon fidèle sujet, dit-il : s’il n’a pas agi par mon ordre, il a du moins mieux accompli ma volonté que mes fondés de pouvoir, et je puis l’approuver avant ou après, »

ADÉLAÏDE.

Il y a de quoi se désespérer.

WEISLINGEN.

Je n’ai pas encore abandonné pour cela toute espérance. On le laisse dans son château, sur sa parole de chevalier qu’il s’y tiendra tranquille. Cela lui est impossible ; nous aurons bientôt un sujet de plainte contre lui.

ADÉLAÏDE.

D’autant plus vite que nous pouvons espérer de voir bientôt l’empereur sortir de ce monde, et Charles, son excellent successeur, annonce de plus royales inclinations.

WEISLINGEN.

Charles ?… Il n’est encore ni élu ni couronné.

ADÉLAÏDE.

Qui ne le souhaite et ne l’espère ?

WEISLINGEN.

Tu as une grande idée de ses qualités : on serait tenté de croire que tu le vois avec d’autres yeux.

ADÉLAÏDE.

Tu m’offenses, Weislingen. Est-ce ainsi que tu me connais ?