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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/27

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votre orgueil donne la préférence ; c’est à celui qui danse avec grâce, et non à celui que vous aimez.

AMINE.

C’est la vérité.

ÉRIDON, avec une raillerie contenue.

Oui. Hélas ! pourquoi n’ai-je pas le don de ce léger Damarès, que l’on vante si fort ! Avec quel charme ne danse-t-il pas !

AMINE.

Si bien, que nul ne l’égale.

ÉRIDON.

Et chaque beauté….

AMINE.

L’estime….

ÉRIDON.

L’aime pour cela !

AMINE.

Peut-être.

ÉRIDON.

Peut-être ? Malédiction !… Certainement !

AMINE.

Pourquoi te démener ainsi ?

ÉRIDON.

Tu le demandes ? Ne me tourmentes-tu pas à me rendre furieux ?

AMINE.

Moi ! Parle, n’es-tu pas l’auteur de ta souffrance et de la mienne, cruel Éridon ? Comment peux-tu donc être ainsi ?

ÉRIDON,

Je le dois : je t’aime. L’amour m’apprend la plainte. Si je t’aimais moins vivement, je ne t’obséderais pas. Je sens mon tendre cœur ravi de joie, quand ton œil me sourit, quand ta main me presse. Je rend grâces aux dieux, qui m’ont donné ce bonheur ; mais je le veux pour moi seul, nul autre ne doit en jouir.

AMINE.

Eh bien, de quoi donc te plaindre ? Nul autre n’en jouit jamais.

ÉRIDON.

Et pourtant tu les souffres ; non, tu dois les haïr.

AMINE.