Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’autre a fini, de manière à former une espèce de canon. Le vieillard prête l’oreille, et finit par s’y joindre aussi.)



TOUS.

Repos et sûreté ! Ordre et liberté !

Le palais de la gouvernante.

MARGUERITE DE PARME, en habit de chasse, COURTISANS, PAGES, DOMESTIQUES.

LA GOUVERNANTE.

Contremandez la chasse : je ne monterai pas à cheval aujourd’hui. Dites à Machiavel de se rendre auprès de moi. (Ils sortent tous.) L’idée de ces affreux événements ne me laisse aucun repos. Rien ne peut me réjouir, rien ne peut me distraire ; ces images, ces inquiétudes, sont toujours devant moi. Le roi va dire que ce sont les’ suites de ma bonté, de mon indulgence ; et pourtant ma conscience me dit à chaque instant que j’ai fait ce qu’il y avait de plus sage et de meilleur à faire. Devais-je plutôt, avec l’orage de la colère, exciter ces flammes et les répandre de toutes parts ? J’espérais les isoler et les étouffer sur elles-mêmes. Oui, ce que je me dis à moi-même, ce que je sais bien, me justifie à mes propres yeux ; mais comment mon frère le prendra-t-il ? Car peut-on le nier ? l’orgueil des docteurs étrangers s’est accru de jour en jour : ils ont blasphémé contre notre sanctuaire, troublé la simplicité du peuple et soufflé chez lui l’esprit de vertige. Des esprits impurs se sont mêlés aux rebelles, et il s’est commis des actes effroyables, dont l’idée fait frémir, et dont je dois maintenant informer la cour, avec détail et promptement, afin que le bruit public ne me devance pas ; afin que le roi ne pense pas que l’on veuille en cacher davantage encore. Je ne vois aucun moyen, amiable ou rigoureux, d’arrêter le mal. Oh ! que sommes-nous, grands de la terre, sur le flot de l’humanité ? Nous croyons le maîtriser, et il nous pousse en haut et en bas et de tous côtés. (Entre Machiavel.)

LA GOUVERNANTE.

Les lettres au roi sont-elles rédigées ?