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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/296

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avez-vous encore ? Pourquoi me refusez-vous ce petit service d’amitié ?

BRACKENBOURG.

Avec ce fil, vous m’enchaînez si bien devant vous, que je ne puis éviter vos yeux.

CLAIRE.

Folies ! Venez et tenez-le-moi.

La Mère, assise et tricotant.

Chantez donc quelque chose ! Brackenbourg accompagne si joliment ! Autrefois vous étiez gais, et j’avais toujours de quoi rire.

BRACKENBOURG.

Autrefois.

CLAIRE.

Chantons.

BRACKENBOURG.

Ce que vous voudrez.

CLAIRE.

Mais gaiement et vivement ! C’est une chanson de soldat, ma chanson favorite. (Elle dévide le fil et chante avec Brackenbourg.)

Le tambour bat, Le fifre résonne, Mon amant, armé, Commande la troupe ; Il porte la lance, Il conduit la bande. Oh ! le cœur me bat, Et mon sang bouillonne ! Que n’ai-je pourpoint Et chausses et chapeau !

Je le suivrais hors des portes, D’un pas courageux, J’irais par les provinces, J’irais partout avec lui. Déjà les ennemis reculent : Nous lirons dessus. Quel bonheur sans pareil Que d’être garçon !

(Pendant qu’il chantait, Brackenbourg a souvent regardé Claire ; enfin la voix lui manque, les larmes lui viennent aux yeux ; il