Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cette frénésie ? Séparez-vous ; allez à vos affaires. C’est un mauvais signe, quand vous chômez les jours ouvriers. De quoi s’agissait-il ? (Le tumulte s’apaise par degrés, et ils se rangent tous autour d’Egmont.)



LE CHARPENTIER.

Ils se battent pour leurs priviléges.

EGMONT.

Qu’ils détruisent étourdiment !… Et qui êtes-vous ? Vous me paraissez d’honnêtes gens.

LE CHARPENTIER.

C’est notre ambition.

EGMONT.

Votre métier ?

LE CHARPENTIER.

Charpentier et maître juré.

EGMONT. Et VOUS ?

SOEST.

Mercier.

EGMONT.

Et vous ?

JETTER.

Tailleur.

EGMONT.

Je me souviens que vous avez travaillé aux livrées de mes gens : votre nom est Jetter.

’ JETTER.

Je vous rends grâce de vous en souvenir.

EGMONT.

Je n’oublie guère ceux que j’ai vus et à qui j’ai parlé une fois…. Autant que la chose dépend de vous, mes amis, maintenez la paix : vous êtes assez mal notés. Ne provoquez plus le roi : il a finalement toujours la force en main. Un bourgeois rangé, qui gagne sa vie honorablement et diligemment, a partout autant de liberté qu’il lui en faut.

LE CHARPENTIER.

Ah ! oui, c’est là justement notre mal ! Ces fainéants, ces ivrognes, ces paresseux, avec la permission de Vofre Grâce,