Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée




LE CHARPENTIER.

Et les pères, mères, enfants, parents, amis, domestiques sont invités, avec de grandes promesses, à dénoncer, devant le tribunal établi pour cela, ce qui se passe dans l’intérieur de la maison.

JETTER. ’

Allons chez nous !

LE CHARPENTIER.

Et ci ceux qui obéiront il est promis qu’ils n’auront à souffrir aucun mauvais traitement ni dans leur corps ni dans leurs biens.

JETTER.

Quelle grâce ! Je me suis senti mal à mon aise, aussitôt que le duc fut entré dans la ville. Depuis ce moment, il me semble que le ciel s’est voilé d’un crêpe noir, et qu’il pend si bas, qu’on est obligé de se courber pour ne pas donner contre.

LE CHARPENTIER.

Et comment te plaisent ses soldats ? N’est-ce pas !… Ce sont d’autres gaillards que ceux auxquels nous étions accoutumés.

JETTER.

Fi ! Ça vous serre le cœur, quand on en voit défiler une troupe dans les rues.* Droits comme des cierges, le regard fixe, un même pas, si nombreux qu’ils soient ! Et, lorsqu’ils sont en faction, et que tu passes devant l’un d’eux, c’est comme s’il voulait voir au travers de ton corps ; il a l’air si roide et si bourru, qu’à tous les’coins de rue tu crois voir un geôlier. Us ne me vont pas du tout. Mais notre milice, c’était là une joyeuse troupe ! Ils prenaient un peu leurs libertés ; ils se tenaient les jambes écartées, le chapeau sur l’oreille ; ils vivaient et laissaient vivre. Quant à ces drôles, ils sont comme des machines qui ont un diable dans le corps.

LE CHARPENTIER.

Si l’un d’eux crie : & Halte-là, » et couche en joue, crois-tu qu’on s’arrête ?

JETTER.

Je serais un homme mort.

LE CHARPENTIER.

Rentrons chez nous.