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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/396

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SAINT-GEORGE.

Oui, mon ami, cette sagesse, et tout ce que vous avez jamais montré de réflexion, je les réclame de vous. Promettez-moi encore une fois, mon très-cher, que vous songerez où vous êtes : dans un royaume étranger, où tous vos protecteurs, tout votre argent, ne sont pas en état de vous défendre contre les secrètes machinations de lâches ennemis.

BEAUMARCHAIS.

Soyez tranquille. Jouez bien votre rôle : il ne saura pas auquel de nous deux il a affaire. Je veux le torturer. Oh ! je suisd’assez bonne humeur pour rôtir le drôle à petit feu. (Entre Clavijo. )

CLAVIJO.

Messieurs, c’est une joie pour moi de voir dans ma maison des hommes d’une nation que j’ai toujours estimée.

BEAUMARCHAIS.

Monsieur, je souhaite que nous puissions être dignes aussi de l’honneur qu’il vous plaît de faire à nos compatriotes.

SAINT-GEORGE.

Le désir de faire votre connaissance a surmonté chez nous la crainte de vous déranger peut-être.

CLAVIJO.

Des personnes que recommande le premier abord ne devraient pas porter si loin la modestie.

BEAUMARCHAIS.

Sans doute ce ne peut être pour vous, monsieur, une chose inaccoutumée que des inconnus vous visitent, car vous ne vous êtes pas moins illustré dans les pays étrangers par l’excellence de vos écrits, que vous êtes distingué dans votre patrie par les emplois considérables dont la confiance de votre souverain vous a revêtu.

CLAVIJO.

Le roi montre beaucoup de bonté pour mes faibles services, et le public beaucoup d’indulgence pour les insignifiants essais de ma plume. Je souhaite de pouvoir contribuer en quelque chose au perfectionnement du goût dans mon pays et au développement des sciences ; car ce sont elles seulement qui nous lient avec les autres nations ; ce sont elles qui nous valent l’amitié des hommes les