La demeure de Clavijo.
CLAVIJO -, seul.
Qui peuvent être ces Français, qui se sont fait annoncer à ma porte ? Des Français !… Ils étaient autrefois bienvenus chez Clavijo…. Et pourquoi pas à présent ? C’est singulier, qu’un homme qui se met au-dessus de mille choses, se laisse arrêter par le moindre obstacle. Arrière !… Dois-je plus à Marie qu’à moimême ? Et suis-je obligé de me Tendre malheureux, parce qu’une jeune fille est amoureuse de moi ? (Entre un domestique.)
LE DOMESTIQUE.
Les étrangers, monsieur.
CLAVIJO.
Fais-les entrer…. As-tu dit à leur domestique que je les attends pour déjeuner ?
LE DOMESTIQUE.
Comme vous l’avez ordonné.
CLAVIJO.
Je reviens à l’instant. (Il sort. Entrent Beaumarchais et SaintGeorge. Le domestique leur donne des sièges et sort.)
BEAUMARCHAIS.
Ah ! mon ami, quel soulagement, quelle satisfaction pour moi d’être enfin ici ! de le tenir !… Il ne peut m’échapper. Soyez calme ; montrez-lui du moins le visage le plus tranquille. Ma sœur ! ma sœur ! Qui croirait que tu es aussi innocente que malheureuse ? Il faut que cela paraisse au grand jour ; il faut que tu sois vengée de la manière la plus terrible. Et toi, bon Dieu, conserve-moi le calme d’esprit que tu m’accordes en ce moment, afin que, dans cette horrible douleur, je me conduise avec une parfaite modération et toute la sagesse possible !