Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/412

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Exactement comme si cette belle âme était une marchandise suspecte, que l’on finit par jeter à l’acheteur, après qu’il vous a blessé jusqu’à la moelle par les offres les plus basses, partant et revenant, comme un juif au marché. Non, il n’aura pas mon suffrage, quand même le cœur de Marie parlerait pour lui…. Revenir !’Et pourquoi donc aujourd’hui ?… aujourd’hui ? Fallaitil attendre l’arrivée d’un frère courageux, dont il doit craindre la vengeance, pour venir comme un écolier et demander humblement pardon ?… Ah ! il est aussi lâche que méchant !



GUILBERT.

Vous parlez comme,un Espagnol, et comme si vous ne connaissiez pas les Espagnols. Nous sommes à cette heure dans un plus grand péril que vous ne croyez tous.

MARIE.

Mon cher Guilbert !

GUILBERT.

J’honore l’esprit entreprenant de notre frère ; j’ai observé en silence son courage héroïque, et je soubaite que tout puisse bien finir ; je.souhaite que Marie se puisse résoudre à donner sa main à Clavijo ; car…. (en souriant) il a toujours son cœur.

MARIE.

Vous êtes cruel !

SOPHIE.

Écoute-le, je t’en prie, écoute-le !

GUILBERT.

Ton frère lui a arraché une déclaration, qui doit te justifier aux yeux de tout le monde, et qui nous perdra.

BUENCO.

Comment ?

MARIE.

Oh ! Dieu.

- ’ GUILBERT.

Il l’a écrite dans l’espérance de te toucher. S’il n’y parvient pas, il faut qu’il emploie tous les moyens pour anéantir ce papier. 11 le peut et il le fera. Ton frère veut l’imprimer et le répandre, dès son retour d’Aranjuez : je crains, si tu t’obstines, qu’il ne revienne pas.

SOPHIE,

Mon cher Guilbert !



MARIE.