Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/413

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Je me meurs !…

GUILBERT.

Clavijo ne peut laisser paraître cet écrit. Si tu refuses ses propositions, et s’il est un homme d’honneur, il court au-devant de ton frère, et l’un des deux succombe. Que ton frère meure ou triomphe, il est perdu. Un étranger en Espagne ! le meurtrier de ce courtisan chéri !… Ma sœur, c’est fort bien de penser et d’agir noblement ; mais se perdre soi et sa famille !… .

MARIE.

Conseille-moi, Sophie ! aide-moi !

GUILBERT.

Et vous, Buenco, réfutez-moi.

BUENCO.

Il n’osera pas ; il craindra pour sa vie : sans cela il n’aurait pas écrit ; il n’offrirait pas sa main à Marie.

GUILBERT.

Tant pis ; car il en trouvera cent qui lui prêteront leurs bras ; cent misérables, qui égorgeront traîtreusement notre frère sur la route. Ah ! Buenco, es-tu sijeune ? Un courtisan n’aurait point d’assassins à ses gages ?

BUENCO.

Le roi est grand et bon.

GUILBERT.

Courage donc !… A travers tous les murs qui l’environnent, les gardes, le cérémonial, et tout ce que les courtisans ont mis de barrières entre lui et son peuple, faites-vous passage et sauvez-nous..’.. Qui vient ? (Entre Clavijo.)

CLAVIJO.

Il faut que je la voie !… 11 le faut ! (Marie pousse un cri et tombe dans les bras de Sophie.)

SOPHIE.

Cruel ! Dans quel état nous mettez-vous ? (Guilbert et Buenco s’approchent de Marie.)

CLAVIJO.

Oui, c’est elle ! c’est elle ! et je suis Clavijo !… Écoutez-moi, chère amie, si vous ne voulez pas me regarder. Dans le temps où Guilbert me reçut avec amitié dans sa maison ; quand j’étais