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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/419

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nez retroussé, ni mes cheveux crépus, ni mon mépris bien connu pour le sexe, qui peuvent me les attirer.

CLAVIJO.

Tu railles.

CARLOS.

Si je n’avais eu déjà dans les mains des propositions, des offres, griffonnées par de douces petites menottes., avec aussi peu d’orthographe que peut en avoir le naïf billet doux d’une jeune fille ! Combien de jolies duègnes sont venues, à cette occasion, tomber dans mes filets !

CLAVIJO. .

Et tu ne me disais rien de tout cela ?

CARLOS.

Parce que je ne voulais pas l’occuper de vaines bagatelles, et ne pouvais, en aucune façon, te conseiller de t’attacher sérieusement à une seule. Ah ! Clavijo, ton bonheur m’était aussi cher que le mien ! Je n’ai aucun ami que toi ; les hommes me sont tous insupportables, et tu commences à m’être insupportable aussi.

CLAVIJO.

Je t’en prie, calmez-toi.

CARLOS.

Brûlez la maison qu’un homme a mis dix ans à bâtir, et en^ voyez à cet homme un confesseur, pour lui recommander la patience chrétienne !… On’ne doit s’intéresser à personne qu’à soi-même ; les hommes ne méritent pas….

CLAVIJO.

Voilà tes rêveries chagrines qui reviennent !

CARLOS.

Si je m’y replonge tout entier, qui en est coupable, que toi ? Je mé disais : «. De quoi lui servirait à présent le mariage le plus avantageux, à lui, qui aurait fait assez de chemin pour un homme ordinaire ?… Mais, avec son esprit, avec ses talents, c’est inexcusable…. c’est impossible, qu’il reste ce qu’il est…. » Jefaisais mes plans. « Il y a si peu d’hommes qui soient aussi entreprenants et flexibles, aussi spirituels et appliqués en même temps. Il est propre à tous les emplois. Comme archiviste, il peut acquérir promptement les plus précieuses connaissances-,