Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/446

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chose d’extra ? Tu serais mon cocher, si seulement j’avais des chevaux.

LE POSTILLON.

Même sans chevaux, je suis à votre service.

Lucie, lui donnant un pourboire. Tiens !

LE POSTILLON.

Merci, mademoiselle ! Vous n’allez pas plus loin ?

LUCIE.

Nous restons ici pour cette fois.

LE POSTILLON.

Adieu, mesdames ! (Ilsort.)

MADAME SOMMER.

Je vois à son air que tu lui as trop donné.

LUCIE.

Fallait-il qu’il nous quittât en murmurant ? Il a été, tout le temps, si gentil ! Vous dites toujours, maman, que je suis capricieuse : du moins je ne suis pas avaricieuse.

MADAME SOMMER.

Je t’en prie, Lucie, ne comprends pas mal ce que je te dis. J’estime ta franchise, comme ton bon caractère et ta libéralité ; mais ce ne sont des vertus que lorsqu’elles sont à leur place.

LUCIE.

Maman, ce petit endroit me plaît véritablement. Et la maison de vis-k-vis est sans doute celle de la dame à qui je dois tenir désormais compagnie.

MADAME SOMMER.

Je suis charmée que le lieu de ta destination te soit agréable.

LUCIE.

Il doit être tranquille, je le vois déjà. Cependant c’est comme un dimanche sur la grande place. Mais la dame a un beau jardin, et doit être bonne. Il faudra voir comment nous nous arrangerons. Que regardez-vous de tous côtés, mamna.’

MADAME SOMMER.

Laisse-moi, Lucie ! Heureuse enfant, à qui rien ne retrace des souvenirs !... Hélas ! en ce temps-là c’était autrement ! Rien ne m’est plus douloureux que d’entrer dans une maison de poste.



LUCIE.