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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/452

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besoin. Madame l’hôtesse voudra bien vous donner une petite chambre et un lit.



-LA MAÎTRESSE DE POSTE.

J’ai justement une jolie et tranquille chambrette sur le jardin. (A Lucie.) Je souhaite que Mme la baronne puisse vous plaire.

(Lucie et Annette sortent.)

MADAME SOMMER. ’

Ma fille est encore un tant soit peu vaine.

LA MAÎTRESSE DE POSTE.

C’est l’effet de la jeunesse. Ces bouffées d’orgueil s’apaiseront bientôt.

. MADAME SOMMER.

J’en serais fâchée. . «. ., !

LA MAÎTRESSE DE POSTE.

Venez, madame, s’il vous plaît. (Elles sortent. On entend un ’postillon. Entre Fernand, en habit d’officier, suivi d’un Domestique.)

. - LE DOMESTIQUE.

Dois-je faire atteler tout de suite et recharger vos effets ?

FERNAND.

Il faut les entrer ici, te dis-je, ici ! Nous n’allons pas plus loin, entends-tu ?

LE DOMESTIQUE.

Pas plus loin ? Vous disiez....

FERNAND.

Je te dis de retenir une chambre et d’apporter ici mes effets. (Le domestique sort. Fernand s’approche de la fenêtre.) Ainsi donc je te revois, céleste "séjour !... Je te revois, théâtre de ma félicité ! Comme toute la maison est tranquille ! Aucune fenêtre ouverte ! Comme elle est déserte, la galerie où nous venions si souvent nous asseoir ensemble ! Remarque, Fernand, l’aspect monastique de sa demeure ! Comme il flatte tes espérances ! Et, dans sa solitude, Fernand devait-il être sa pensée et son occupation ? L’a-t-il mérité ? Il me semble qu’après un long et lugubre sommeil de mort, je me réveille à la vie, tant chaque chose est pour moi.nouvelle et saisissante ! Les arbres, la fontaine, tout encore, tout ! L’eau s’élançait ainsi des mêmes canaux, lorsque, mille fois, hélas ! le cœur plein de pensées, je regardais avec elle de notre fenêtre, et que chacun, recueilli en soi-même, contemplait