Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/458

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DEUXIEME.

Maison de Stella. STELLA, UN DOMESTIQUE.

STELLA.

Va, va bien vite ! Dis-lui que je l’attends.

LE DOMESTIQUE.

Elle a promis de venir tout de suite.

STELLA.

Tu vois pourtant qu’elle ne vient pas. J’aime beaucoup cette jeune fille. Va !... Et que sa mère vienne avec elle ! (Le Domestique sort.) J’ai à peine la ! patience de l’attendre. Que de désirs, que d’espérances, en attendant un nouvel habit ! Stella ! Tu es un enfant. Et pourquoi ne devrais-je pas aimer ?... Il me faut beaucoup pour remplir mon cœur ! Deaucoup ? Pauvre Stella ! Beaucoup ?... Autrefois, lorsqu’il t’aimait encore, lorsqu’il reposait sur ton sein, son regard remplissait toute ton âme ; et.... O Dieu du ciel, ton décret est impénétrable ! Lorsque, de ses embrassements, je levais les yeux vers toi ; que mon cœur brûlait sur le sien, et que, de ma bouche tremblante, je respirais sa grande âme ; qu’ensuite, avec des larmes de joie, je regardais à toi, et te disais du fond de mon cœur : « Laisse-nous être heureux, mon Père, tu nous as rendus si heureux ! » ce n’était pas ta volonté. (Elle tombe un moment dans la rêverie, tressaille vivement et presse ses mains sur son cœur.) Non, Fernand, non : ce n’était pas un reproche ! (Entrent Mme Sommer et Lucie.)

STELLA.

Je les possède ! Aimable enfant, tu es à moi maintenant.... Madame, je vous remercie de la confiance avec laquelle vous remettez dans mes mains ce trésor. Petit esprit mutin, âme libre et bonne ! Oh ! je t’ai déjà comprise, Lucie.

GŒTHE. — TH. I . 29