Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/457

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LUCIE. Oh ! monsieur, il vient de lui-même. Lorsqu’on craint si souvent de périr, et qu’on se voit toujours sauvé, cela donne une confiance !...

FERNAND.

Vous ne pouvez en donner une part à votre bonne mère ?

. LUCIE.

Malheureusement c’est elle qui perd, et non pas moi. Je rends grâce .à mon père de m’avoir mise au monde, car j’aime la vie et je suis contente : mais elle, qui avait fait reposer sur lui toute l’espérance de sa vie, qui lui avait sacrifié la fleur de son âge, et maintenant abandonnée, tout à coup abandonnée !... Ce doit être quelque chose d’horrible de se sentir abandonnée ! Je n’ai rien perdu encore : je ne puis en parler.... Vous semblez rêveur !

FERNAND.

Oui, ma chère demoiselle, à vivre on perd.... (//se lève.) mais on gagne aussi. Et Dieu soutienne votre courage ! (Il lui prend la main.) Vous m’avez étonné. O mon enfant, qu’il serait heureux !... Moi aussi, j’ai vu dans le monde, bien cruellement, bien souvent, mes espérances.... mes joies.... Mais c’est toujours.... Et....

LUCIE.

Que voulez-vous dire ?

FERNAND.

Toute sorte de biens !... les meilleurs, les plus ardents souhaits pour votre bonheur ! (Il sort.)

LUCIE.

Voilà un homme singulier ; mais il semble être bon.

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