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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/460

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froidement mes douleurs !... Nous n’en pouvons davantage, si nQUs sommes, ainsi.... Que n’ai-je pas fait’ ? Que n’ai-je pas essayé ?... Et de quoi cela m’a-t-il servi ? C’était là ce que je voulais.... cela uniquement, et non pas un-monde, et rien d’autre au monde.... Ah ! le bien-aimé est partout, et tout est pour le bien-aimé !



MADAME SOMMER.

Vous portez le ciel dans le cœur. ’. .

STELLA.

Avant même que je fusse sur mes gardes, son image revenait.... Voilà comme il se levait dans telle ou telle société, et me cherchait des yeux.... Voilà comme il accourait à travers la campagne, et se jetait dans mes’bras, à la porte du jardin.... Je le voyais s’éloigner, s’éloigner.... hélas ! et il revenait.... Si je retourne, par la pensée, dans le tumulte du monde.... il est là ! Lorsque j’étais assise dans une loge, et que je savais, où qu’il fût caché, soit que je le visse ou ne le visse pas, qu’il observait et qu’il aimait chacun de mes mouvements, ma manière d’être debout, d’être assise.... je sentais quele balancement des plumes de ma coiffure l’attirait plus que tous les brillants regards d’alentour, et que toute musique n’était qu’un accompagnement pour l’éternelle mélodie de son cœur, «Stella ! Stella ! combien tu m’es chère ! »

LUCIE.

Peut-on s’aimer ainsi ?

STELLA. .

Tu le demandes, ma petite ?... Alors je ne puis te répondre.... Mais de quoi vais-je vous entretenir ?... Bagatelles !... importantes bagatelles !... En vérité, on est encore, un grand enfant, et l’on s’en trouve bien.... Précisément comme les enfants se cachent derrière leur petit tablier, et crient qu’on les cherche !... Comme tout notre cœur est rempli, lorsque étant offensés, nous prenons en nous-mêmes la ferme résolution de quitter l’objet de notre amour ! Avec quel déchirement des forces de l’âme nous reparaissons en sa présence ! Quels combats dans notre sein ! Et comme enfin tout s’évanouit, au premier regard, au premier serrement de main !

. MADAME SOMMER.

Que vous êtes heureuse ! Vous vivez encore tout entière dans le