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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/461

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sentiment le plus tendre et le plus pur du cœur humain.



STELLA.

Un siècle de douleurs et de larmes ne saurait contrebalancer la félicité des premiers regards, du tremblement, du bégayeraient, de l’approche, de l’hésitation, de l’oubli de soi-même ; le premier baiser, rapide, enflammé, et le premier embrasseraient calme et paisible.... Madame !... Vous tombez dans la rêverie, ma chère ! Où êtes-vous ?

MADAME SOMMER.

Les hommes ! les hommes ! .

STELLA.

Ils nous rendent heureuses et misérables. Ils versent dans notre cœur des pressentiments de félicité. Quelles sensations, quelles espérances nouvelles, inconnues, dilatent notre âme, quand leur passion impétueuse se communique à chacune de nos fibres ! Que j’ai senti souvent tout frissonner et retentir en moi, lorsqu’il versait dans mon sein, avec des torrents de larmes, les souffrances d’un monde ! Je le suppliais, au nom du ciel, de s’épargner, de m’épargner.... Vaine prière !... Il allumait en moi, jusqu’à la dernière moelle, les feux qui le dévoraient. Et c’est ainsi que, dans le fond de son être, la jeune fille devint tout cœur, tout sentiment. Et maintenant où est le climat qui puisse recueillir cette infortunée, pour y respirer, pour y trouver son aliment ?

MADAME SOMMER.

Nous croyons les hommes ! Dans les moments de la passion, ils se trompent eux-mêmes ; pourquoi ne serions-nous pas trompées ?

Stella ;

Madame ! Une idée me saisit.... Soyons l’une pour l’autre ce qu’ils auraient dû être pour nous. Restons ensemble.... Votre main !... Dès ce moment je ne vous quitte plus.

LUCIE.

Cela ne peut être.

STELLA.

Pourquoi, Lucie ?

MADAME SOMMER.

Ma fille sent....