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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/471

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Si je n’étais au mieux à la maison, avec ma femme et mes deux enfants, je vous envierais le nouveau voyage que vous avez tenté à travers le monde. Nous resterez-vous maintenant ?

FERNAND.

Si Dieu le veut. •.

L’intendant. Après tout, c’est le plus sûr et le meilleur.

FERNAND.

Oui, pour qui pourrait oublier le passé. L’intendant.

Qui, avec mainte joie, nous apporta mainte affliction. Je me souviens encore de tout parfaitement : comme nous trouvâmes Cécile aimable, comme nous fûmes pressants avec elle, et ne pouvions assez tôt nous délivrer de notre jeune liberté.

FERNAND.

Va, c’était un beau temps, un heureux temps !

L’intendant.. Comme elle nous donna une joyeuse et vive petite fille, mais perdit en même temps de sa gaieté et de ses charmes.

FERNAND.

Épargne-moi cette biographie.

L’intendant.

Comme nous jetâmes les yeux çà et là, d’un côté puis d’un autre ; comme enfin nous rencontrâmes cet ange ; comme il ne fut plus question d’aller et de venir, mais comme il fallut nous résoudre à rendre heureuse l’une ou l’autre ; comme enfin nous trouvâmes, à point nommé, une occasion de vendre nos biens ; comme nous nous sauvâmes avec mainte perte ; comme nous enlevâmes l’ange, et reléguâmes ici la belle enfant, qui ne connaissait ni elle-même ni le monde.

FERNAND.

A ce qu’il paraît, tu es toujours aussi sentencieux et aussi bavard qu’autrefois.

L’intendant.

N’ai-jepas eu l’occasion de m’instruire ? N’étais-je pas le confident de votre conscience ? Et, quand vous désirâtes encore vous éloigner d’ici, sans que je sache si ce fut purement par le