Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/477

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douloureuse histoire de la perte de ta fortune. Ta. disparition me déchira le cœur ; je ne pus trouver aucune trace de toi, et, las de moi-même et de la vie, je pris cet habit, j’entrai dans un service étranger ; j’aidai à opprimer la liberté mourante des braves Corses ; et maintenant, après de longues et surprenantes aventures, tu me revois ici sur ton sein, ma très-chère, mon excellente femme. (Lucie accourt.)



FERNAND.

’ 0 ma fille !

LUCIE.

Mon cher père, mon bon père, si vous êtes encore mon père !

FERNAND.

Encore et pour toujours.

CÉCILE.

Et Stella ?

FERNAND.

Ne perdons pas un moment. L’infortunée ! Pourquoi’, Lucie, pourquoi, ce matin, n’avons-nous pu nous reconnaître ?... Le cœur me battait ; tu sais avec quelle émotion je t’ai quittée. Pourquoi ? Pourquoi ? Nous nous serions épargné tout cela ! Stella ! Nous lui aurions épargné ces douleurs !... Mais partons. Je lui dirai que vous avez persisté à vous éloigner, que vous n’avez pas voulu l’importuner de vos adieux, Et toi, Lucie, retourne vite à la poste, et fais atteler une chaise pour trois. Le domestique joindra mes effets aux vôtres. Reste encore ici, chère femme. Et toi, ma fille, quand tout sera prêt, reviens ; et retirez-vous dans le salon du jardin. Attendez-moi. Je veux me dégager d’elle, lui dire que mon dessein est de vous accompagner jusqu’à la poste, de veiller à votre départ, et de payer pour vous les chevaux.... Pauvre âme, je te trompe avec ta bonté !... Partons !

CÉCILE.

Partir ?... Un seul mot de raison !

FERNAND.

Partons ! Il le faut.... Oui, mes chères amies, nous partons.... (Cécile et Lucie sortent.) Partir !... où fuir ? où fuir ?... Un coup de poignard mettrait fin à toutes ces douleurs, et me plongerait