Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/51

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ALCESTE.

Si tu voulais seulement réfléchir, que tu ne devrais pas abandonner Alceste au désespoir. Ma bien-aimée, cherchenous donc seulement l’occasion d’un entretien, que ce lieu nous défend. Écoute, cette nuit, ton mari sort de la maison ; on croit que je vais moi-même à un festin de carnaval ; mais la porte de derrière est près de mon escalier…. Sans que personne le remarque dans la maison, je rentrerai ; j’ai ici la clef, et, si tu veux me permettre….

SOPHIE.

Alceste, je m’étonne….

ALCESTE.

Et tu veux me faire croire que tu n’es pas un cœur dur, une femme trompeuse ? Tu refuses le moyen qui nous reste encore ? Sophie, ne connais-tu pas Alceste ? et peux-tu hésiter à causer avec lui une petite heure pendant la nuit tranquille ? Il suffit ! n’est-ce pas, Sophie, cette nuit je viendrai te voir ? Ou, si cela te paraît plus sûr, viens toi-même chez moi !

SOPHIE.

C’en est trop !

ALCESTE.

C’en est trop ? Oh ! bien parlé ! Malédiction ! C’en est trop ! Je passe donc ici vainement semaines sur semaines !… Damnation ! Pourquoi ce lieu me retient-il, si Sophie ne me retient pas ? Je pars demain.

SOPHIE.

Mon bien-aimé ! Mon cher Alceste !

ALCESTE.

Non, tu connais, tu vois ma souffrance., et tu restes inébranlable ! Je veux te fuir pour jamais !