Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/52

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SCÈNE V.

Les Précédents, L’hote.

L’hôte. Voici une lettre ; elle doit être d’un haut personnage : le cachet est très-grand et le papier est fin. (Alceste prend la lettre ; l’hôte poursuit à pari.) Je voudrais bien savoir le contenu de cette lettre !



Alceste, après avoir parcouru la lettre. Il faut que je parte demain matin. Mon compte !

L’hôte. Hé ! partir si vite, par ce mauvais temps !… Celte lettre est d’importance, apparemment ? Oserai-jc demander à Votre Seigneurie ?…

ALCESTE.

Non !

L’hôte, à Sophie.

Questionne-le donc un peu : sans doute, il te le dira. (7/ va à la table dans le fond, où il tire ses livres d’un tiroir ; il s’assied et écrit le compte. )

SOPHIE.

Alceste, est-ce bien sûr ?

ALCESTE.

Visage flatteur !

SOPHIE.

Alceste, je t’en conjure, n’abandonne pas Sophie !

ALCESTE.

Alors décide-toi à me voir cette nuit. SOPHIE, à part.

Que dois-je, que puis-je faire ? Il ne faut pas, il ne faut pas qu’il parte. Il est mon unique consolation. (Haut.) Tu vois que je ne puis…. Songe que je suis mariée….

ALCESTE.

Le diable emporte le mari, et tu seras veuve ! Non, profite de ces heures. Elles se rencontrent peut-être pour la première et la dernière fois ! Un mot : à minuit, mabien-aimée, je suis là !

SOPHIE.

Mon père est trop près de ma chambre.

ALCESTE.

Eh bien, viens chez moi ! Pourquoi tant balancer ? Dans ces hésitations le moment nous échappe. Tiens, prends ma clef.

SOPHIE.

La mienne peut ouvrir.