Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée




ACTE TROISIEME.

La salle de l’auberge.

SCENE I.

L’HÙTE, seul.

(Il est en robe de chambre, assis devant une table, sur laquelle on voit une chandelle presque consumée, un service à café, des pipes, des gazettes. Après les premiers mots, il se leve, et s’habille pendant celte scène et le commencement de la suivante.)

Ah ! cette maudite lettre me coûte le sommeil et le repos ! Assurément il s’est passé quelque chose d’irrégulier. Il me paraît impossible de deviner cette énigme. Lorsqu’on fait quelque mal, on a peur du malin. Ce n’était pas ma vocation : c’est pourquoi la frayeur m’a pris. Etpourtant ce n’est pas bien à un aubergiste de trembler, s’il se fait dans la maison quelque rumeur, un bruit de pas, un craquement. Car les fantômes fraternisent avec les voleurs. Il n’y avait pas un homme dans la maison, ni Soeller, ni Alceste ; ce ne pouvait être le garçon ; les servantes dormaient profondément. Mais j’y pense !… De grand matin, je dirais entre trois et quatre heures, j’ai entendu un léger bruit : la porte de Sophie s’est ouverte. C’était peut-être ellemême, le fantôme devant lequel j’ai fui. C’était un pas de femme ; Sophie marche précisément ainsi. Mais que faisait-elle en ce lieu ?… On sait comme font les femmes : elles aiment à visiter, à voir les effets des étrangers, leur linge et leurs habits. Si seulement j’y avais pensé ! Je l’aurais effrayée et puis je me serais moqué d’elle. Elle aurait cherché avec moi : ta lettre serait