Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/84

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IX.

ALCESTE, puis SOELLER.

ALCESTE.

Nous voilà bien éclaircis. C’est un délire ! Que le diable démêle la chose maintenant ! Deux personnes, l’une et l’autre bonnes et loyales toute leur vie, s’accusent…. Je crains d’en perdre l’esprit. C’est la première fois que j’apprends quelque chose de pareil, et pourtant je les connais depuis de longues années. C’est un cas où l’on ne gagne rien à réfléchir. Plus on y rêve profondément, plus profondément on s’égare. Sophie ! le vieillard ! Ils m’auraient volé ! Si Soeller était accusé, cela serait plus croyable ! S’il tombait seulement sur le drôle l’ombre d’un soupçon !… Mais il a été au bal toute la nuit !

Soeller, en pointe de vin. Il a quitté le domino.

Voilà mon scélérat ! Il se repose du festin ! Si je le tenais à la gorge, comme je l’arrangerais.

Alceste, à part.

Le voici, comme exprès. (Haut.) Comment cela va-t-il, monsieur Soeller ?

SOELLER.

Sottement ! La musique me bourdonne encore dans la tête. (Il se frotte le front.) Cela me fait horriblement mal.

ALCESTE.

Vous avez été au bal ? Y avait-il bien des dames ?

SOELLER.

Comme à l’ordinaire. La souris court au piége, parce qu’il y a du lard.

ALCESTE.

Était-ce bien ? Très-bien. Qu’avez-vous dansé ?

SOELLER

Je n’ai fait que regarder…. (A part.) la danse de ce matin.

SOELLER. ALCESTE.

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