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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/86

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ALCESTE."

Ce serait curieux !

SOELLER.

Oh ! oui, celui qui aime les friands morceaux s’aperçoit bien, sans qu’on lui fasse des signes, où il se trouve quelque chose à sa guise.

Alceste, piqué.

Pourquoi si mystérieux ?…

SOELLER.

Ce que je dis est fort clair. Exempli Gratia : je bois trèsvolontiers les vins vieux du père ; mais lui, il ne débouche pas volontiers ses flacons, il ménage son bien, et je bois hors du logis.

Alceste, devinant. Monsieur, songez !…

Soeller, avec moquerie. Monsieur l’ami des dames, elle est ma femme à présent : pourquoi vous en inquiéter ? Et quand même son mari la prend pour autre chose….

Alceste, avec une colère contenue. Son mari ! Mari ou non ! Je brave le monde entier ; et, si vous osez encore une fois dire….

Soeller, à part, avec crainte. Fort bien ! Je devrai encore le consulter pour savoir quelle est la vertu de madame. (Haut.) Mon fourneau est pourtant mon fourneau ! Je me moque de tout cuisinier étranger !

Alceste. Vous n’êtes pas digne de votre femme, si belle, si vertueuse, une âme si pleine d’attraits, qui vous a tant apporté ! Rien ne manque à cet ange.

Soeller. Elle a, je l’ai remarqué, dans le sang un charme particulier ; et l’ornement de tête aussi fut un de ses apports. J’étais prédestiné à une pareille femme, et sans doute déjà couronné dans le ventre de ma mère.

Alceste, avec éclat. Monsieur Soeller !



Soeller,