Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/87

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hardiment. Que voulez-vous ?

Alceste, se contenant. Je vous le dis, tenez-vous tranquille.

Soeller. Je voudrais bien voir qui prétendrait me fermer la bouche !

Alceste. Si je vous tenais ailleurs, je vous le ferais voir, qui vous la fermerait.

Soeller, à demi-voix. Il se battrait, en vérité, pour l’honneur de ma femme.

ALCESTE.

Certainement.

Soeller, enfre ses dents. Personne ne sait aussi bien jusqu’où il va.

ALCESTE.

Malédiction !

SOELLER.

O monsieur Alceste, nous savons ce qui en est. Du calme, je vous prie ; un peu de calme ! Nous pourrons nous arranger, et l’on sait bien que messieurs vos pareils moissonnent d’ordinaire tout le champ pour eux, et ne laissent au mari que le spicilége1….

ALCESTE.

Monsieur, je m’étonne que vous vous permettiez….

SOELLER.

Oh ! j’en ai eu assez souvent les yeux pleins de larmes, et chaque jour encore il me semble que je flaire des oignons. Alceste, avec colère et résolution. Comment ? Monsieur, cela va trop loin ! Parlez ! Que voulezvous ? Il faudra, je le vois bien, vous délier la langue. Soeller, hardiment. Eh ! parbleu, ce qu’on voit, je pense qu’on peut le savoir.

ALCESTE.

Comment, ce qu’on voit ! Qu’entendez-vous par voir 1

1. Soeller a été homme de plume, et il en a conservé le langage.



SOELLER.

Ce