travail. Cela me faisait mal au cœur de voir mis en pièces ce précieux joyau, et je n’ai pu être consolé que par le magnifique petit coffret qu’elle a préparé pour mon voyage. J’ai au moins pour cent mille livres de pierreries dans ma poche. Je pars aujourd’hui même pour l’Angleterre ; je vends tout, j’achète de la vaisselle d’argent et mille raretés.
La Nièce, qui a dissimulé jusqu’alors le plus grand embarras.
Quelle dangereuse entreprise !
LE MARQUIS.
Il ne faut pas nous inquiéter maintenant, mais oser !
LA NIÈCE.
Je vous souhaite du bonheur.
LE MARQUIS.
Non, tu me l’apporteras avec toi. Tu seras, tu dois être ma compagne de voyage.
LA NIÈCE.
Vous voulez m’exposer à ce danger ?
LE MARQUIS.
Le danger est bien plus grand si tu restes. Ma femme est assez hardie pour soutenir cette fable aussi longtemps qu’il se pourra…. Jusqu’au premier terme de payement, même plus tard encore, elle est assez en sûreté : cependant je ne peux te laisser ici.
LA NIÈCE.
Songez….
LE MARQUIS.
Je ne sais comment je dois m’expliquer ta conduite. Serait-il possible qu’on m’eût déjà dérobé ton creur ?… Non, ce n’est pas possible ! Tu es embarrassée, mais tu n’es pas changée. Ne te laisse pas éblouir par l’apparente richesse du chanoine : nous sommes à présent plus riches que lui, qui se verra bientôt dans le plus grand embarras. J’ai tout calculé exactement. Tu peux . encore jouer cette nuit le personnage de la princesse…. C’est l’intention de ma femme que je vous accompagne au sortir d’ici, et que je parte aussitôt après. Je prends pour cela une voiture particulière. Dès que la scène sera jouée, je déclarerai tout net à la marquise que tu m’accompagnes. Tu pourras un peu résister ; je t’entraînerai de force : elle n’osera pas faire