Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/128

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VII.

LES PRÉCÉDENTS, LE COMTE.

Le Comte, que deux Suisses font marcher devant eux avec leurs hallebardes retournées. Je vous dis que vous expierez votre grossièreté toute votre vie ! Me traiter ainsi ! Moi, le plus grand des mortels ! Sachez (jue je suis le comte de Rostro, de Rostro, impudents ! étranger respectable et universellement respecté ; maître dans toutes les sciences occultes, qui a pouvoir sur les esprits….

LE SUISSE.

Dis cela à notre commandant, qui comprend le welche, voistu ; et, si tune marches pas droit, nous te donnerons à droite et à gauche dans les côtes, et nous te montrerons le chemin, comme il nous est commandé.

LE COMTE.

N’avez-vous donc aucun bon sens, vous autres ?

LE SUISSE.

Il en a celui qui nous commande. Je te dis de marcher droit, tout droit, où se trouve notre commandant.

Le Comte, d’un ton impérieux.

Gardez-vous de me toucher.

Le Chanoine, qui, à la voix du Comte, revient à lui

et se lève soudain.

Oui, je t’attendais, grand cophte, digne maître, le plus sublime des mortels. Tu as laissé tomber ton fils pour le relever par un prodige. Nous te sommes tous à jamais obligés. Je n’ai pas besoin de t’avouer que j’ai entrepris à ton insu cette aventure. Tu sais ce qui est arrivé ; tu sais comme la chose a mal fini : sans cela tu ne serais pas venu. Dans cette seule apparition, grand cophte, tu obliges plus de nobles âmes que tu n’en as vu peut-être rassemblées, dans ton long pèlerinage sur la terre. Devant toi est un ami, il y a quelques instants, le plus heureux, maintenant le plus malheureux des hommes. Ici, une dame digne du sort le plus beau, ici, des amis, qui, avec le plus vif intérêt, ont cherché a faire le possible et l’impossible. Il est arrivé