Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Schnaps.

Ne voyez-vous pas comme mes gens dansent autour de l’arbre de la liberté ?

Martin.

Êtes-vous fou ? Pas une âme ne bouge.

George, à part.

C’est lui certainement. Qu’est-ce que ça signifie ? Le père s’enferme avec lui ? Comme il est déguisé ! Heureusement j’ai trouvé ouverte la porte de derrière.

Schnaps.

Voyez donc pourtant comme on donne à vos femmes et à vos filles des idées de liberté et d’égalité.

Martin, qui veut se dégager, est retenu par Schnaps.

C’est trop fort !

George, à part.

Que disent-ils donc ensemble ? Je n’y comprends rien. (Il regarde autour de lui.) Que signifie cela ? L’armoire ouverte, le lait caillé tout préparé ! Ce doit être un déjeuner.

Schnaps.

Réjouissez-vous donc de voir tout le monde uni et content.

Martin.

Il faut que votre tête soit merveilleusement remplie de fantômes ! Je ne vois rien.

George, se tirant à l’écart.

Écoutons un peu.

Schnaps, laissant aller Martin.

Je vois tout cela en esprit. Vous le verrez bientôt de vos yeux devant votre maison.

Martin.

Je ne vois déjà rien de bon au dedans.

Schnaps, à part, après avoir regardé encore une fois par la fenêtre.

Tout est sûr et tranquille. Maintenant vite au déjeuner. (Il s’approche de la table.)

Martin, à part.

Que je voudrais te voir ailleurs !

Schnaps.

Aimable soupe de la liberté et de l’égalité, je te bénis !… Voyez donc !