Aussi m’aime-t-il plus que sa mère.
Vous êtes aussi une mère pour lui. (Marianne devient pensive ; Fabrice l’observe quelque temps.) Le nom de mère vous rend triste ?
Non pas triste, mais je pense seulement…
À quoi, douce Marianne ?
Je pense… je ne pense à rien. Mais je me sens quelquefois toute je ne sais comment.
N’auriez-vous jamais désiré ?…
Quelle question allez-vous me faire ?
Fabrice l’osera-t-il ?
Désiré ! jamais, Fabrice. Et, lors même qu’une pareille pensée me passait par la tête, elle s’éloignait aussitôt. Quitter mon frère me serait insupportable… impossible… si séduisante que fût toute autre perspective.
C’est pourtant singulier ! Si vous demeuriez près l’un de l’autre, dans la même ville, serait-ce le quitter ?
Oh ! jamais. Qui dirigerait son ménage ? Qui aurait soin de lui ?… Une servante ?… Ou même se marier ?… Non, ça ne se peut pas !
Ne pourrait-il vous suivre ? Votre mari ne pourrait-il être son ami ? Ne pourriez-vous faire à vous trois un aussi heureux, un plus heureux ménage ? Votre frère ne pourrait-il en être soulagé dans ses pénibles occupations ? Quelle vie ce pourrait être !
Il y faudrait penser. Quand j’y réfléchis, c’est assez vrai. Et puis je reviens à croire que ça n’irait pas bien.