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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/214

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BRÊME.

Je vous conterai cela plus tard : à présent, écoutez la suite. Ce compromis arrêté, les communes abandonnèrent à la seigneurie quelque peu de bois, quelques prairies, quelques pâturages et d’autres bagatelles, qui étaient pour vous sans importance et très-utiles à la seigneurie ; car on voit que le vieux comte était un maître avisé, mais aussi un bon maître. Vivre et laisser vivre était sa maxime. Il affranchissait en échange les communes de quelques corvées, dont il pouvait se passer, et…

ALBERT.

Ce sont les corvées que nous sommes encore obligés de faire.

BRÊME.

Et il vous fit quelques avantages…

MARTIN.

Dont nous ne jouissons pas encore.

BRÊME.

Justement, parce que le comte mourut. La seigneurie se mit en possession de ce qui lui était accordé ; la guerre éclata, et les vassaux durent faire plus encore qu’ils n’avaient fait auparavant.

PIERRE.

C’est exactement ainsi : je l’ai entendu plus d’une fois de la bouche des avocats.

BRÊME.

Et je le sais mieux que l’avocat ; car je vois plus loin. Le fils du comte, le seigneur défunt, devint majeur vers ce temps-là. C’était, par Dieu, un terrible et méchant diable, qui ne voulait rien céder, et vous maltraitait indignement. Il était en possession ; le compromis avait disparu, et l’on ne pouvait en trouver trace.

ALBERT.

Si nous n’avions pas la copie, que notre défunt pasteur nous a faite, à peine en saurions-nous quelque chose.

BRÊME.

Cette copie est votre bonheur et votre malheur. Cette copie est parfaitement valable devant tout homme juste : devant un tribunal elle ne vaut rien. Si vous n’aviez pas cette copie, vous seriez indécis dans cette affaire ; si l’on n’avait pas présenté ce