Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/215

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document à la seigneurie, on ne saurait pas comme elle est injuste.

MARTIN.

Mais vous devez être juste aussi : la comtesse reconnaît qu’il y a beaucoup à dire pour nous ; seulement, elle se refuse à passer la transaction, parce qu’elle ne prend pas sur elle de conclure une pareille affaire pendant la minorité de son fils.

ALBERT.

Pendant la minorité de son fils ! N’a-t-elle pas fait ajouter une aile au château, que peut-être il n’habitera de ses jours ? car il ne se plaît pas dans ce pays.

PIERRE.

Et surtout à présent qu’il s’y est fait une bosse.

ALBERT.

N’a-t-elle pas fait établir le grand jardin et les cascades, ce qui l’a obligée à vendre une couple de moulins ? Elle prend bien sur elle de faire tout cela pendant la minorité ; mais ce qui est juste, équitable, elle n’ose pas se le permettre.

BRÊME.

Albert, tu es un brave homme ; j’aime à entendre parler ainsi, et j’avoue que, si je dois à notre gracieuse comtesse maints avantages, et me reconnais, en conséquence, son très-humble serviteur, je voudrais bien aussi imiter mon roi et me faire votre avocat.

PIERRE.

Ce serait fort bien : faites seulement que notre procès soit bientôt fini.

BRÊME.

Je n’y puis rien : c’est à vous d’agir.

PIERRE.

Comment faudrait-il s’y prendre ?

BRÊME.

Vous autres bonnes gens, vous ne savez pas que tout progresse dans le monde, que ce qui était impossible il y a dix ans est possible aujourd’hui ; vous ne savez pas tout ce qu’on entreprend maintenant, tout ce qu’on exécute.