Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/216

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MARTIN.

Oh ! oui, nous savons qu’il se passe maintenant en France d’étranges choses.

PIERRE.

Étranges et abominables !

ALBERT.

Étranges et bonnes !

BRÊME.

Fort bien, Albert ! Il faut choisir le meilleur. Voici donc mon avis : ce qu’on ne peut obtenir aimablement, on doit le prendre de force.

MARTIN.

Serait-ce là le meilleur ?

ALBERT.

Sans doute.

PIERRE.

Je ne crois pas.

BRÊME.

Je dois vous le dire, mes enfants : maintenant ou jamais !

ALBERT.

Vous n’avez pas besoin de tant nous prêcher, nous autres de Wiesengrouben ; nous sommes prêts et dispos. Dès longtemps nos gens voulaient se révolter ; mais je les en ai constamment détournés, parce que M. Brême disait toujours qu’il n’était pas temps encore, et c’est un homme habile, en qui j’ai confiance.

BRÊME.

Grand merci, compère, et, je vous le dis, il en est temps à présent.

ALBERT.

Je le crois aussi.

PIERRE.

Ne le trouvez pas mauvais, mais je ne vois pas cela ; car, de savoir quand il est bon de saigner, de purger, de ventouser, cela est marqué dans l’almanach, et je puis me régler en conséquence ; mais, si c’est juste le bon moment pour se révolter, je crois que cela est beaucoup plus difficile à dire.

BRÊME.

C’est à nous autres de le savoir.