Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/218

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et pour exercer notre esprit ? Si mon défunt grand-père avait eu seulement la millième partie de ces secours, il aurait été un tout autre homme. Mais, chers enfants, que vous parlé-je de moi ? Le temps passe, et je crains que le jour ne vienne à poindre. Le coq nous avertit de nous renfermer en peu de mots. Avez-vous du courage ?

ALBERT.

Moi et les miens nous n’en manquerons pas.

PIERRE.

Parmi les miens, il se trouvera bien quelqu’un pour se mettre à la tête ; pour moi, je prie qu’on me dispense de la commission.

MARTIN.

Depuis les deux derniers sermons que le précepteur a faits, parce que le vieux pasteur est malade, tout ce grand village ici est en mouvement.

BRÊME.

Bien ! C’est comme cela qu’on avance. J’ai compté que nous pouvons mettre sur pied plus de six cents hommes. Si vous le voulez, tout sera fait dans la nuit prochaine.

MARTIN.

Dans la nuit prochaine ?

BRÊME.

Minuit ne sera pas revenu, que vous aurez recouvré tout ce qui vous appartient, et plus encore.

PIERRE.

Si vite ? Comment serait-il possible ?

ALBERT.

Vite ou jamais.

BRÊME.

La comtesse arrive aujourd’hui : il ne faut pas qu’elle ait le temps de se reconnaître. Présentez-vous seulement devant le château à la nuit tombante, et réclamez vos droits, réclamez une nouvelle expédition de l’ancien compromis ; imposez encore quelques petites conditions, que je vous indiquerai ; faites-la souscrire, faites-la jurer, et tout sera fini.