Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/227

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ma raison, qui m’apprend à distinguer un bien réel d’un avantage apparent. Je serais généreuse, comme cela sied si bien à qui tient le pouvoir. Je me garderais d’insister, sous l’apparence du droit, sur des prétentions que je devrais à peine souhaiter de faire prévaloir, et qui, si je trouve de la résistance, m’enlèvent, pour toute la vie, la pleine jouissance d’une possession que je pourrais améliorer par une conduite équitable. Un accommodement supportable et la jouissance immédiate valent mieux qu’une cause bien fondée, qui me donne du chagrin, et dont je ne vois pas même l’avantage pour mes descendants.

LE BAILLI.

Votre Excellence me permettra d’oser être en cela d’un avis contraire. Un procès est une chose si charmante, que, si j’étais riche, j’en achèterais plutôt quelques-uns, pour ne pas vivre tout à fait privé de ce plaisir. (Il se retire.)

LA COMTESSE.

Il me paraît qu’il veut faire payer son plaisir à nos domaines.



Scène III.

LA COMTESSE, LE GOUVERNEUR.
LE GOUVERNEUR.

Puis-je demander à madame la comtesse comment elle se porte ?

LA COMTESSE.

Comme vous pouvez imaginer, après l’émotion qui m’a surprise à mon arrivée.

LE GOUVERNEUR.

J’en ai été sincèrement affligé, mais j’espère que cela n’aura pas de suites. Au reste votre séjour ici pourra difficilement vous être agréable de sitôt, quand vous le comparerez avec celui dont vous avez joui dernièrement.

LA COMTESSE.

Il y a beaucoup de charme aussi à se retrouver dans sa maison auprès des siens.

LE GOUVERNEUR.

Que de fois j’ai envié votre bonheur, d’assister aux plus